Certains d’entre nous ont récemment changé de moto, acheté une nouvelle tente, une nouvelle popote ou tout simplement ont des fourmis dans les roues.

Il n’en fallait pas plus comme prétexte, fallacieux au possible, pour partir un week-end de trois jours en Espagne. Direction la Sierra de Guara.

Jour 1

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Nous voilà donc à quatre, JMP, Isa, Tophe et moi prêts pour le départ en ce samedi matin.

Au programme de la journée, une virée dans le Volvestre, les cols de Portet d’Aspet, de Menté, du Portillon, de Peyresourde, d’Azet, le tunnel de Bielsa et enfin l’Espagne.

La météo n’est pas avec nous et le risque de pluie est important. Un rapide coup d’oeil à nos différentes applis météo nous font espérer que « ça pourrait le faire ! ».

Après les petits blablas habituels nous décollons. Temps maussade, routes humides mais pas de pluie. Ca enroule gentiment dans le Volvestre où Tophe a essayé d’assassiner Bambi avec se GSA, avec l’espoir que le temps ne se gâte pas.

Sitôt pensé, sitôt arrivé. En vue du col du Menté où nous prévoyions une pause café, un brouillard d’outre tombe nous avale. A tel point que nous avons failli rater le bistrot.

Mais la bonne fortune est avec nous et dix minutes après nous être installés en terrasse avec nos cafés chauds le brouillard se lève complètement. C’est-y pas cool ça ?

Nous reprenons la route en direction de Saint-Béat, Bossost et envisageons le col du Portillon quand un vilain panneau nous indique « Col del Portillo – Tancat – Cerrado ». Pour ceux qui ne maîtrisent pas bien la langue de Cervantès, cela signifie que le col du Portillon est fermé. Impliquant de facto un détour d’au moins cinquante kilomètres.

Qu’à cela ne tienne ! Nous avions décidé de pique-niquer au col, nous y allons !

Jusqu’au col tout se passe bien, y compris le pique-nique sur les accueillantes tables prévues à cet effet. C’est dans la descente que ça se gâte. De gros blocs de béton barrent la route sur un petit pont. Deux gros tas de graviers complètent le tableau.

Mais ils connaissent pas « JMP le baroudeur », roi de la débrouille, prince de la pampa. Après une rapide analyse de la situation il est convenu que « ça passe ! ». Bon ! Pas en l’état, mais ça passe.

On démonte les valises que nous faisons franchir à dos de motard puis un par un, on passe les motos par un trou de souris, les pieds parterre avec les copains sur les côtés pour ne pas basculer. Il y a comme un air de Croisière Jaune à ce moment là.

Au bout d’un quart d’heure le tour est joué et nous pouvons continuer notre route vers Luchon.

Col de Peyresourde, puis direction Saint-Lary par le col d’Azet. Ammendonné JMP et moi nous retrouvons à Val Louron après avoir raté l’embranchement vers Saint-Lary. Il faut dire que le revêtement était tellement bon qu’on s’est laissé griser par le rythme.

« – C’est pas ma faute, il me poussait derrière ! »
« – Meunon ! Moi j’ai suivi pensant que tu connaissais un raccourci ! »
« – Et puis de toute façon, je musardais ! »

Après avoir rattrapé Tophe et Isa, nous continuons vers le tunnel de Bielsa à l’entrée duquel nous faisons une petite pause en espérant que de l’autre côté la météo sera meilleure. Il est à noter quand même que depuis le départ nous avons eu la chance de ne pas prendre de pluie. De fait nous avons réussi à passer systématiquement avant ou après la pluie sur les routes empruntées.

Dix minutes d’attente à l’entrée du tunnel, pour cause de circulation alternée, puis nous traversons.

Bienvenue en Espagne ! Le ciel est bleu, la température remonte de dix degrés. Il est décidé d’avancer un peu et de s’arrêter boire « una caña » (un demi) afin de bien profiter de cette belle météo et surtout d’enlever les vêtements de pluie.

Nous prenons ensuite la direction des gorges d’Anisclo. La route à sens unique est particulièrement défoncée et un peu fréquentée. Il faut dire que le panorama offert vaut le détour. Des voitures et des motos garées à intervalles plus ou moins réguliers nous indiquent que certains en profitent pour aller se baigner dans la rivière en contrebas. La météo s’y prête.

Gorges d’Anisclo

Puis nous finissons par récupérer la N260 après avoir passé le col de Fanlo qui signe la sortie des gorges. Direction Boltana pour un ravitaillement d’essence puis plein sud-ouest où nous nous enfonçons dans la Sierra de Guara en direction de Nocito et son camping.

La route est correcte et le paysage magnifique, désertique. On a l’impression d’être seul au monde. Plus on avance plus la route se dégrade. Idéal pour musarder. A tel point que sur la fin j’ai failli regretter de ne pas avoir un trail. D’ailleurs, pour calculer l’itinéraire jusqu’à Nocito, certains logiciels nécessitent d’activer le mode Off-Road sinon il ne peut pas calculer la route jusqu’à Nocito.

Nous arrivons enfin au camping. Palabres avec la tenancière, garage des motos, montage des tentes, installation du campement pour la nuit.

On n’est pas bien là ?

Et c’est là que je prends toute la mesure de la capacité de chargement d’une GS. Tophe a sorti tellement de trucs de ses valises que j’ai cru qu’il avait déménagé.

Après un apéritif de circonstance, place au repas. Quand des gars du Sud-Ouest se déplacent, voilà le menu : cassoulet, magret, patates ! On aurait bien mangé local, mais je ne suis même pas sûr qu’il y ait une épicerie à Nocito tellement c’est petit.

On passe la soirée à refaire le monde, regarder les étoiles en rêvant que ces moments durent toujours.

Jour 2

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Après une bonne nuit de ronflements, lever à 7h30 pour un départ à 9h30. Petit déjeuner suivi du pliage du campement. On voit vite qui a l’habitude et qui est en pahse de rodage. Mais tout le monde est à l’heure et nous reprenons la route vers notre prochaine destination.

Pour repartir de Nocito il n’y a pas trente-six chemins. C’est le même que pour venir. Sur presque cinquante kilomètres. Quand je vous dis que Nocito est un village paumé.

Notre rythme est pour le moins lent car nous profitons de la température idéale, des paysages magnifiques dans lesquels nous nous immergeons avec cette sensation de solitude à peine troublée par la présence d’un ou deux autres véhicules que nous croisons. En clair, nous musardons encore.

« – Jamais vu autant de monde dans la Sierra ! » dixit JMP.

Et moi je trouve qu’on est bien isolé. Différence de perspective.

Nous continuons ainsi dans la Sierra jusqu’à Alquézar que nous nous contenterons d’admirer depuis le point de vue sans aller visiter par manque de temps et parce qu’ici il y a effectivement beaucoup de monde.

Alquézar

L’heure du repas approchant nous décidons de trouver un restaurant assez rapidement. Un peu de jardinage dans Adahuesca pour finalement continuer la route avec la ferme intention de nous arrêter au premier restaurant que l’on croise. Et on en a croisé un.

Connaissez vous la série télévisée « La Quatrième Dimension » ? Ca commence comme ceci : « Nous sommes transportés dans une autre dimension, une dimension faite non seulement de paysages et de sons, mais surtout d’esprits. Un voyage dans une contrée sans fin dont les frontières sont notre imagination. Un voyage au bout des ténèbres où il n’y a qu’une destination : la Quatrième Dimension. »

Ce dimanche là, à 13h30, nous sommes tous les quatre entrés dans la quatrième dimension. Le temps s’est arrêté. Un serveur extra-terrestre s’est occupé de nous. Deux heures et demi pour manger un « menu express ». Sortis de là, retour dans la réalité, dans la fournaise. Il est 16h, il fait chaud et il nous reste de la route jusqu’au campement du soir. Impossible d’éviter une coupe dans le road-book.

Plutôt que de monter sur Graus et l’Embalse de Barasona nous prenons la N123 que nous suivons jusqu’à Tremp. On remonte un peu le temps, mais pas suffisamment. On s’en apercevra plus tard.

Arrivés à Isona, il nous reste soixante dix kilomètres jusqu’à l’arrivée. On fait l’impasse sur une pause « caña » et attaquons la spéciale « Isona – Coll de Nargo ». Le début se passe impeccablement bien en mode musard speedé, malgré une petite sortie de route sans gravité de ma part, mais tout se gâte après Boixols. La route a été refaite à « la mode de chez nous ». Comprenez, recouverte de gravier. C’est donc en quasi roue libre que nous arrivons à Coll de Nargo. Les derniers kilomètres nous amènent à Cambrils, au camping la Comella, par une route pittoresque dans des gorges étroites.

Camping. Tenancière. Garage. Montage. Apéritif.

Apéritif ? Ben non ! Parce qu’il est déjà presque 22h et que le restaurant arrête bientôt le service. Donc si on veut manger, pas d’apéro. Quand je vous disais qu’on n’avait pas assez remonté le temps.

Après le repas, nous nous installons au campement pour regarder le Grand Prix moto, mais la fatigue se fait vite ressentir et tout le monde part se coucher. Il y a encore de la route demain.

Jour 3

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Petit déjeuner. Pliage. Rangeage. Chargeage des motos. Départ prévu à 10h30. 10h10 tout le monde est prêt. A n’y rien comprendre.

Cette journée de retour commence sous le soleil et nous mène en direction de Sant Llorenc de Morunys. La vue sur le lac depuis les lacets surplombant la vallée est magnifique. A ce moment, plutôt que de continuer vers l’est sur Berga, nous obliquons plein nord vers le massif de Pedraforca. Cela va être l’occasion de visiter un coin que je ne connaissais pas. La route est parfaite, lisse et viroleuse, les paysages sont à l’avenant. Les vues sur ce versant des Pyrénées n’ont rien à voir avec celles que l’on a du côté français.

Après une pause à Gosol, nous continuons vers le massif de PedraForca et plongeons vers le sud afin de rejoindre Borreda après avoir traversé la Nou de Bergueda et Vilada. Nous évitons ainsi Berga et son agglomération.

A Borreda nous avisons un petit restaurant qui cette fois ci ne nous fera pas entrer dans la quatrième dimension. Douze euros par tête pour un apéritif, entrée, plat, dessert, vin et tapas à l’apéro compris. Par moment, ça ne vaut pas la peine de se prendre la tête à pique-niquer.

Le dernier run sera notre point d’orgues du week-end, connu mais toujours aussi jouissif, avec le passage du col de Toses à hauteur de la Molina mais en passant par Castellar de N’Hug plutôt que par Ribes de Freser.

Arrivés à Puigcerda nous passons la frontière sur une toute petite route, encore barrée elle aussi, entre deux blocs de béton. Cette fois ci, pas besoin de démonter les valises. Et le retour en France signifie la fin de notre week-end de trois jours.

Après un dernier rafraîchissement à Tarascon sur Ariège, j’abandonne mes partenaires de virée à 19h pour cause d’obligation à Toulouse. Je serais bien resté pour débriefer ce week-end au restaurant mais ça m’apprendra à mieux gérer mon planning.

Retour à la maison vers 20h, affaires rangées dans la foulée.

Je n’ai plus qu’une seule idée en tête : quand est-ce qu’on repart ?

Certains d’entre nous voulaient tester leur matériel de camping et leur capacité à voyager pendant ce week-end. Je pense qu’on peut dire que le POC « Proof Of Camping » est validé !