Moto, humeurs et autres pensées

Les Baronnies of ze Pyrénées

Les Baronnies, tu connais ?

Non, pas les provençales, celles des Pyrénées. Parce qu’effectivement, il existe une région des Pyrénées qui s’appelle aussi les Baronnies.
Oh ! Bien sûr, le lieu est moins renommé que son homologue provençal. Mais il ne manque pas d’attrait et de charme. C’est pourquoi j’y retourne régulièrement.
Tout d’abord, je te laisse aller voir l’article Wikipédia au sujet des Baronnies des Pyrénées.

Samedi vingt avril, neuf heures trente. Je démarre la moto après l’avoir chargée. J’ai pris tout mon kit de camping dans une valise bien que j’espère ne pas avoir à planter la tente. Mes affaires de rechange pour deux jours et un sac avec un peu de nourriture dans l’autre valise. Le pique-nique du midi est dans mon sac à dos ainsi que la réserve d’eau. Il fait beau, la température n’est pas trop fraîche. C’est parti pour un petit week-end à la montagne.

J’ai décidé de partir vers les Baronnies des Pyrénées. Je connais le coin pour y être déjà passé, y avoir déjà bivouaqué, mais mon but aujourd’hui est de visiter le gouffre d’Esparros.
Ce gouffre n’est accessible au public que depuis 1996 car son découvreur ne voulait pas que les joyaux qui s’y trouvent ne soient altérés par les visiteurs. Sept ans après sa mort, les visites ont commencé. Et si je peux me permettre, je vous recommande la visite.

Après cinq heures de routes entre mon far-west toulousain et Esparros par des routes toutes plus petites et herbues les unes que les autres et une halte pique-nique à l’aire de repos du Cuing (non, il n’y pas d’erreur de frappe), j’arrive vers quinze heures sur le parking. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas foule. Deux voitures, une moto en plus de la mienne.

Je sécurise mes affaires sur la moto. Casque et blouson attachés, sac sur le dos et je file à l’accueil. La visite guidée ne commence qu’à seize heures. Je patiente en visitant le petit musée dédiée à la découverte du gouffre par Norbert Casteret puis le guide vient me chercher. J’ai l’agréable surprise de voir que je suis tout seul dans mon groupe avec le guide. Et cerise sur le gâteau, la moto sur le parking, c’est la sienne. Autant vous dire que le courant est plutôt bien passé pendant la visite. Il en a profité pour me montrer des choses dans le gouffre qu’il ne montre pas d’habitude aux groupes plus nombreux. On a bien sûr échangé sur notre passion commune qu’est la moto et il m’a donné quelques plans pour bivouaquer et me balader dans le coin. Bref ! Une rencontre très sympa en plus de la visite en elle-même qui vaut le détour.
Seul bémol, j’ai trouvé l’entrée un peu chère (douze euros cinquante). Cela peut s’expliquer par le faible nombre de touristes autorisés par jour sur le site. En effet, les groupes sont limités à vingt-cinq personnes, la visite dure une heure et il y a moins de dix visites par jour. Mais bon ! C’est pas tous les jours et ça les vaut.

Dix-sept heures. J’ai prévu de dormir dans un refuge à vingt minutes d’Esparros sur les hauteurs d’Asque. J’ai le temps mais ne voulant pas être pris au dépourvu au cas où le refuge serait déjà occupé je décide de m’y diriger de suite.
Arrivé sur place, je constate que le gîte est inoccupé. Cette cabane est mise à disposition des voyageurs qui souhaitent s’abriter le temps d’une nuit. En montagne, même basse, nous sommes à huit cent mètres d’altitude, un abri est toujours le bienvenu. Je passe un petit coup de balai à l’intérieur après avoir ouvert les baies vitrées, installe mes matelas et duvet. A l’intérieur se trouve place une grande table et deux bancs. Je prépare mes affaires pour l’apéritif et le repas, installe mon ordinateur et je patiente.

Je fais l’aller-retour entre l’intérieur pour grignoter des cacahuètes et l’extérieur pour admirer le paysage en attendant le début du match de rugby. Car je veux bien m’isoler du monde, fuir la foule mais quand le Stade Toulousain joue, je me dois d’être là.

La température extérieure a bien baissé. Je ferme les baies vitrées, enfile une petite veste et la soirée suit son cours. La température chute dans mon domicile et le Stade Toulousain chute à l’extérieur.

Minuit, je me glisse dans le sac de couchage. Dix minutes de lecture et hop ! Extinction des frontales.
J’ai changé de duvet en début d’année. Auparavant j’avais un duvet de bonne marque mais dont la température de confort était de onze degrés et la température limite de sept degrés. Si ce genre de duvet est agréable en été, il apparaît beaucoup moins efficace avec les températures quasi-hivernales que ce mois d’avril nous propose. J’ai donc investi dans un duvet dont la température de confort est moins deux degrés. Normalement, et comme je ne suis pas frappé au point d’aller camper par des températures négatives, ça devrait faire l’affaire. Et comme je suis confiant, je me suis glissé dans le duvet en ne gardant qu’un simple tee-shirt en coton.
Et comme la température a baissé drastiquement pendant la nuit, j’ai eu froid jusqu’à ce que je me décide à enfiler une petite veste par dessus le tee-shirt. La fin de nuit a été beaucoup plus confortable.

Réveillé à sept heures et demi par le soleil frappant sur les baies vitrées je constate que pendant la nuit le thermomètre est quand même descendu jusqu’à deux degrés dans le gîte. Malgré mon erreur d’habillement je suis satisfait de mon duvet. Malgré son encombrement supérieur et ses cinq cent grammes de plus, il est devenu mon nouveau meilleur ami en bivouac.
La chaleur gagne le refuge, le café fume dans ma tasse et mes barres de céréales dansent la gigue. Enfin presque !

Je plie tout mon attirail, recharge la moto et deux heures plus tard je reprends la route en direction de Gavarnie, son cirque, ses clowns… Le chemin rapide dure une heure. Le mien durera quatre heures.
Par de petites vallées presque oubliées du monde, des chemins de crête avec vue à trois cent soixante degrés, j’arrive à Bagnères-de-Bigorre pour un arrêt ravitaillement en pain, thé glacé et essence. La route normale depuis de Bagnères-de-Bigorre pour aller vers Gavarnie est de redescendre sur Lourdes. Pour éviter cela, je coupe à travers le massif toujours par des routes toutes plus étroites les unes que les autres et au revêtement plus qu’incertain mais avec des paysages qui ravissent les yeux autant que le cœur. Et bien sûr je ne croise quasiment personne.

Bon an mal an, j’arrive à Gavarnie. Je ne suis pas là pour visiter le cirque mais pour monter au col des Tentes, le terminus de la route. Au delà il faut continuer à pied vers le Port de Boucharo puis la Brèche de Roland. Malheureusement, en ce mois d’avril le froid n’a pas permis à la neige de fondre et les quatre derniers kilomètres avant le col des Tentes sont interdits à la circulation. J’ai bien jeté un œil à la route mais il faut savoir raison garder, ça ne passera pas.
Je pourrais le faire à pied sans problème mais la montée, aller jusqu’au port de Boucharo puis redescendre me prendrait au moins deux heures et demi. Ce n’est pas le temps que j’avais prévu de consacrer à cette activité, sans compter qu’il me faut rentrer après.
Mais pas de souci, j’ai un plan B. J’ai toujours un plan B. D’ailleurs il faut toujours avoir un plan B, voire C, D. Puisque le sommet m’est interdit, j’irai dans la vallée. Mais avant ça, je m’arrête un peu plus bas sur la route, dans un lacet, pour pique-niquer, car mon estomac me rappelle à son bon souvenir. Deux sandwiches au jambon et un café plus tard, je reprend la route en direction de Gavarnie mais avant d’arriver au village, je bifurque sur une petite route qui m’amène dans la vallée d’Ossoue.

Dire que cette route est étroite est un euphémisme. Deux voitures ont du mal à s’y croiser et seulement dans les quelques parties où ça s’élargit. Le revêtement est une sorte de goudron posé là il y a des décennies et quelques cailloux tombés de la montagne jouent les chicanes immobiles. Un peu plus loin, le goudron a disparu mais la piste est praticable sans problème.
Mon but est de suivre cette piste jusqu’au lac qui est la source du gave d’Ossoue et au bord duquel il est autorisé de bivouaquer. Pas ce soir, non, il fait beaucoup trop froid. D’ailleurs je ne serais pas étonné qu’ici les températures soient négatives pendant la nuit. Je veux juste voir l’endroit, pour plus tard.

Je continue mon chemin, accompagné par des marmottes qui courent à droite à gauche, des isards que j’ai dérangés et qui regrimpent dans la montagne. Puis je finis par me retrouver face à un éboulis de cailloux en travers de la piste. Pas un truc énorme, juste assez pour empêcher un véhicule, fût-il à deux roues, de passer. Je parcours les trente mètres de caillasses à pied et constate que je peux dégager un chemin à la main. Aucun rocher ne paraît trop lourd. Trente minutes plus tard, la moto se retrouve de l’autre côté. Je ne suis plus qu’à un kilomètre du lac. Ça sent bon !

Mais non. Trois cent mètres plus loin, derrière un virage, une congère me barre l’accès. Je pourrais passer à pied car un petit tunnel a été creusé dans cette congère. Mais si je peux passer à quatre pattes, qu’en est-il de la moto ? Il sera dit qu’aujourd’hui je n’irai pas où je décide. Je fais demi-tour, m’arrête dix minutes en bordure du gave, prends quelques photos et reprends ma route. Cette fois ci, c’est le chemin du retour.

Pour ne pas me compliquer la vie, je vais reprendre le même parcours qu’à l’aller. On a toujours une perspective différente selon le sens dans lequel on parcourt une route. Direction donc Bagnères-de-Bigorre, Esparros puis le Comminges. J’en profite pour m’arrêter prendre quelques photos et savourer les paysages des Baronnies avant la fin du week-end.

Encore que ! Pourquoi serait-ce la fin du week-end ? Pourquoi me faudrait-il rentrer chez moi alors que je suis si bien à me balader en moto ? Parce qu’on est dimanche et qu’il faut rentrer ? Parce que demain il faut travailler ? Il se trouve que justement je dois travailler dans le Comminges, à Saint-Gaudens ce lundi.
Suis-je vraiment obligé de faire quatre vingt dix kilomètres pour rentrer dormir chez moi, me lever à l’aube et refaire ces quatre-vingt-dix kilomètres dans l’autre sens ? Eh bien non ! Pas cette fois.
Je décide unilatéralement en accord avec moi-même, après concertation et vote à main levée que je m’arrêterai à proximité de Saint-Gaudens pour passer la nuit et irai travailler directement. J’économiserai ainsi de l’énergie, du temps, de l’essence.

Je trouve un logement à quinze minutes de mon lieu d’intervention par l’entremise de l’application Booking.com (non, je n’ai pas d’actions chez eux) pour la modique somme de vingt-six euros. Bon ! Pour ce prix là, c’est pas le Ritz ou le George V. C’est vendu comme étant un logement à petit budget mais il y a un lit, une salle de bain avec douche, de la place et même le café pour le matin. A ce prix là, il n’y a pas les draps mais je m’en moque, j’ai mon duvet.

Lundi matin, huit heures trente, je suis sur site après un arrêt pour acheter le repas de midi. Café, intervention, tour des services, papotages. Treize heures trente, j’ai terminé. Mon week-end peut continuer.

Les températures sont plus fraîches que la veille mais je décide néanmoins de regrimper dans la montagne. Je file sur Aspet, le col de Portet d’Aspet puis à Castillon en Couserans je prend une piste qui shunte le col de la Core que j’ai déjà parcouru la semaine précédente pour passer le col de Saet. Un peu de chemin ne peut pas faire de mal et fera plaisir aux crampons de mes pneus. Je croise quelques agents de l’Office National des Forêts, pas très souriants. J’ai pourtant le droit d’être là avec ma moto.

Arrivé à Seix je fais une petite pause afin de décider où je vais m’arrêter pique-niquer. Ce sera le col de la Crouzette, connu des amateurs de cyclisme comme étant assez raide à monter. Ben honnêtement, en moto, ça passe crème !
Je m’installe sur la table de pique-nique située au col, prépare mon repas chaud à base de pâtes lyophilisées gastronomiques – des Bolinos – grâce à l’eau chaude de mon thermos. Le vent bien présent refroidit fortement l’atmosphère malgré le soleil. Trois degrés s’affiche au compteur de la moto. A tel point que je garde les gants pour manger. Je ne vais pas m’attarder. Quelques photos, un café et je repars.

J’aligne les cols du Pradel, de Portel et de Péguère avant de décider qu’il est l’heure de rentrer à la maison. Je bifurque plein nord, traverse la vallée de l’Arize, le Volvestre et arrive à Carbonne. J’ai ma dose. Je prends l’autoroute et regagne mon far-west toulousain.

A dix-huit heures, les bagages sont rangés, la moto dans le garage et moi… ti’punch, canapé ? Ben non, il est un peu tôt pour attaquer le rhum, je me contente d’une petite bière et me dis que, finalement, c’était une excellente décision de rester dormir près de mon lieu de travail. Ca m’a permis d’avoir l’impression d’avoir un week-end de trois jours. Je renouvellerai l’expérience lorsque la météo nous annoncera des températures et des cieux plus cléments qui me permettront de camper.

En attendant, je vais réfléchir à la prochaine destination !

1 commentaire

  1. Valérie

    Merciiii Patrick pour cette belle aventure partagée par tes écrits qui m’ont fait sourire et tes magnifiques photos qui m’ont données envie de découvrir ! 🤩 J’imagine tt à fait le bien être que tu as pu ressentir tt au long de ton roadtrip ! 🥰 Hâte de découvrir ta prochaine destination ! 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2024 Ti'punch

Thème par Anders NorenHaut ↑