Le bonheur, c’est simple comme un coup de moto.

C’est le genre de phrase qu’on a déjà tous entendu. Une sorte de poncif. Limite, une tautologie (non, ce n’est pas la science qui s’occupe d’étudier la sémantique des blagues à Toto).

Profiter des choses simples, c’est s’assurer dans la mesure du possible d’avoir sa part de bonheur quotidien. Cette part qui aide à faire passer la journée avec le sourire quand tout le reste n’est pas au top, quand la pression du travail est trop forte ou que la vie personnelle n’est pas terrible.

En général mon plaisir quotidien consiste à prendre la moto le matin pour aller travailler. Rien que ça suffit à me mettre de bonne humeur. Et bis repetita le soir.

Et il y a des jours où il y a comme qui dirait du rab de bonheur au menu. Comme aujourd’hui.

Pour cause de manque de véhicule de service, j’ai dû utiliser ma moto pour un déplacement professionnel. Ce n’est pas la première fois, mais aujourd’hui ça avait comme un goût de sortie dominicale.

Donc pour mes interventions à Saint-Gaudens puis à Luchon, je suis parti de bonne heure de chez moi, par les petites routes. La météo a prévu des averses dans l’après midi mais en négociant bien, je devrais rester au sec.

Départ à 7H30 en direction de Lombez puis Boulogne sur Gesse. La route n’est pas très tortueuse mais ça roule bien, il fait bon et la playlist de Spotify me donne le rythme dans le casque. A 8h30 j’arrive à Saint-Gaudens pour ma première intervention en compagnie d’un café offert puis je redécolle rapidement vers Luchon par la N125 que je n’avais pas empruntée depuis un bon moment et sur laquelle je découvre que les radars ont poussé comme des champignons après une averse.

J’arrive à Luchon sous un beau soleil et expédie mon intervention de façon à pouvoir reprendre la route avant la pluie annoncée pour le début d’après midi.

Je reprends donc la route vers Cierp-Gaud, non sans avoir vérifié au préalable que le col du Portillon est toujours fermé aux véhicules larges, c’est à dire à tout ce qui n’est pas deux roues et qui ne peut pas se tortiller entre des blocs en béton.

Pour éviter les radars de la N125, je décide de continuer sur la RD825, parallèle à la nationale, moins roulante mais qui permet de changer un peu le paysage. Puis Montréjeau, Saint-Gaudens et je décide de bifurquer vers Blajan pour rejoindre Ciadoux.

Chemin faisant, je m’aperçois qu’il est bientôt 12h30 et je me dis qu’un petit pique-nique dans les Gorges de la Save ne serait pas pour me déplaire. Je m’oriente vers Montmaurin et sa villa gallo-romaine puis me stationne à l’entrée des gorges.

Il faut savoir que ces gorges sont fermées à la circulation depuis 1996 pour des raisons de sécurité et de préservation de l’environnement. Je le sais : j’ai lu les panneaux installés sur le parking.

Un vendredi hors vacances il n’y a pas grand monde. Juste deux voitures stationnées. Je sécurise mon casque et mon blouson dans le top-case et décide de pénétrer dans les gorges à pied à la recherche d’un coin pour manger la salade que j’ai emportée dans mon sac à dos.

Alors autant les gorges sont jolies, la rivière accessible avec des berges en pente douce, la végétation luxuriante, autant l’accueil est moyen : il n’y a quasiment aucun endroit où pouvoir s’asseoir et manger, pas de rochers, de table de pique-nique, rien !

Je fais donc demi-tour et retourne vers la parking. Je descends sur une plage de galets et avise un gros rocher pour me poser et savoure ma salade de supermarché en rêvant devant la Save qui s’écoule à mes pieds.

Deux, trois gouttes de pluie me sortent de ma rêverie et sonnent le départ. La pluie annoncée est bien là. Elle arrive du sud-ouest et ma route me mène vers le nord-est : ça devrait bien se passer.

Je redémarre la moto en direction de Ciadoux puis Rieumes par la D3. Malheureusement cette route toujours aussi plaisante en temps normal a été saupoudrée de graviers meurtriers sur une bonne dizaine de kilomètres. Au moins, j’ai une bonne raison pour musarder.

Arrivé à Rieumes, l’installation d’une fête foraine sur la grand place m’empêche de me stationner et donc de profiter d’un arrêt terrasse que j’envisageais depuis un moment. Je continue donc ma route par Saint-Lys et arrive à Léguevin en milieu d’après midi. Pour la bière, ce sera dans mon canap’.

380 kilomètres au compteur, un temps clément, de jolis routes et paysages : juste les choses simples !