J’aime la moto. J’aime rouler. Les routes viroleuses. Les paysages. Musarder le nez au vent (c)Yéti.

Mais cela, tu n’en doutais pas.

Depuis le temps que je roule, j’aime toujours ça.

Par contre, je n’ai toujours roulé que sur route. Sur du goudron. L’offroad n’était pour moi jusqu’à maintenant qu’une pratique éloignée de mes centres d’intérêt.

Le temps passant, aidé par une législation toujours plus contraignante concernant la pratique des loisirs motorisés, je me suis laissé gagner par des envies de sortir des routes balisées, goudronnées, avec tous les pièges que l’on peut y rencontrer.

Donc voilà ! C’est décidé ! Je me mets au trail et de préférence avec des crampons pour aller là où il n’y pas (encore ?) de bitume.
Euh ! Oui ! Ok ! Mais suis-je sûr que je vais aimer ça ? Ce serait pas mal de tester avant, non ?

M’apercevant que je ne suis pas le seul dans ce cas, nous voilà partis à quatre, Vincent, Dany, Tophe et moi, pour une virée tout-terrain soft (on débute, hein !) au Pays de Sault, sur la Route des Sapins.

Notre petite bande d’apprentis baroudeurs se donne rendez-vous à 8h30 pour une liaison vers Lavelanet (09) où nous débriefons vite fait cette liaison :
« – Alors tu comprends, le KLX, c’est un peu tape-cul en crampons sur la quatre voies »
« – T’as qu’à t’acheter une GS au lieu de râler ! »
« – Plutôt mourir ! »
Et briefons la suite devant un café aussi revigorant que bienvenu.

Kawasaki KLX 650

La Route des Sapins du Pays de Sault est un ensemble de routes forestières serpentant à l’intérieur d’un triangle formé par Montségur (09), Quillan (11) et Ax-les-Thermes (09). Approximativement.
On y croise d’anciens sentiers cathares, des chemins carrossables larges pour un camion… C’est roulant, facile, idéal pour débuter.

Tu te souviens quand tout petit tes parents disaient : « Reste assis dans la voiture » ? Eh bien, la conduite d’un trail c’est tout l’inverse : « lève toi sur les cale-pieds ! Regarde au plus loin que tu peux ! ». C’est la technique de base.
Du moins, on me l’a vendu comme ça. Parce que quand t’as pas l’habitude, c’est tout sauf naturel.
Au début j’avais l’impression que je ne conduisais plus la moto, qu’elle faisait un peu ce qu’elle voulait. Bon ! Certains diront que cela a toujours été le cas mais au moins, assis, j’ai l’impression de maîtriser. Mais bon ! Faut persévérer. Je persévère.
Il faut dire que je suis bien aidé dans mon apprentissage par la facilité de conduite de la Kawasaki KLX650 chaussée de TKC80 que l’on m’a prêtée. C’est léger, hyper maniable, facile à rattraper. Et les pneus mettent en confiance là où il n’y a pas de goudron.

Mes trois acolytes roulent pour leur part en « Deutsche Pachyderme », à savoir des BMW R1200GS. Aussi lourdes à vide que la KLX avec mon quintal dessus. Pour un baptême, je trouve ça couillu.

La fine équipe

Les premiers chemins se passent vraiment sans encombre. On roule pas vite du tout. On est en « stage découverte » ! Les chemins sont secs avec juste quelques flaques de temps en temps.
Arrêts de temps en temps sur des points de vue notables

« – Oh ! Un gouffre ! »
« – Ouais ! Ben c’est un trou, quoi ! »

Juste à noter la perte d’une gourde qui était négligemment rangée dans une poche externe de sacoche.

Arrive l’heure de manger. Nous trouvons un spot pique-nique aménagé près d’une maison de l’ONF.
Un peu de bricolage sur le KLX dont le tête de fourche branle de plus en plus et on engouffre nos sandwichs et autres gourmandises.

Petit à petit, la confiance arrive. Mais à nos âges nous savons très bien qu’il ne faut pas nous emballer au risque de courir à la catastrophe.
Nous continuons donc notre petit périple sur la Route des Sapins en traversant des villages du coin dont les noms nous rappellent bien que nous sommes au Pays de Sault.
Les paysages sont magnifiques. Les points de vue, nouveaux.
Et c’est là tout l’attrait de cette pratique : se promener dans un coin qu’on ne connait que du point de vue routier pour le redécouvrir sous un nouvel angle.

C’est donc avec la banane sur le visage (et non pas derrière l’oreille) que nous arrivons à l’heure du goûter au col du Pradel (7°c). Petite pause pour reprendre des forces et faire le point sur la route à prendre.
« – C’est par là ! »
« – Pardon ? Mais la direction que tu montres, même à pied j’y vais pas ! Tu le sors d’où ton roadbook ? Il a été tracé par des chamois ? »
« – Ben il manquait des points sur le roadbook que j’ai récupéré alors j’ai laissé Basecamp calculer ce qu’il manquait ! »
Note à moi-même : ne pas laisser un métrosexuel me guider dans la pampa !
A l’unanimité nous décidons de continuer par la route jusqu’à récupérer les chemins de la Route des Sapins pour ce qui seront nos derniers kilomètres TT de la journée.

Et comme c’était trop facile jusque là, nous avons eu droit à la première et seule difficulté de la journée : la boue !
Une traînée de boue longue et large comme le Tanganika (c)Michel Audiard ! Le genre à te forcer à apprendre à surfer en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Vincent et moi qui ouvrions la voie (comme Frison-Roche) en TKC80 sommes passés, confiants en nos machines plus qu’en nous mêmes.
Derrière… Derrière je m’attendais, honnêtement, à une catastrophe ! Dany et Tophe sur leur Panzer en TKC70 (quasi slicks pour Dany) arrivant sur cette loooooongue traînée de boue, je pensais vraiment qu’un des deux finirait au tas.
Eh ben non ! Ils ont assuré comme des bêtes !
Eux aussi, confiants dans leur machine (en même temps, elle leur a été vendue comme étant la Meilleure Moto Du Monde et du coup ils le croient), détendus dehors, tendus comme un string à l’intérieur, fabriquant de l’huile par tous les pores.
Ces cent mètres de bouillasse alimenteront les conversations pendant quelques temps encore.

Après toutes ces émotions, nous voilà de retour sur Belesta (09) et nous regonflons les pneus des GS (Ah oui ! Je t’ai pas dit ! Sur pistes et chemins, faut dégonfler les pneus pour avoir un peu plus de grip. Pareil : on me l’a vendu comme ça) avant de repartir en liaison jusqu’à Toulouse.

Bilan : 400km dont 100 à 120km de chemins dans la journée. Pour une première, c’est pas mal.

Conclusion : je voulais goûter une nouvelle pratique de la moto et j’ai été servi. Et j’ai ADORE ! Il ne me reste plus qu’à choisir quel trail acheter maintenant.
Quand est-ce qu’on y retourne ? Avec la tente !

Petite pause “paysage”
Dany : “trop facile !”
« Ah ben ! J’ai pas ce machin sur la mienne ! »
“A table !”