I never been to Spain” (Je ne suis jamais allé en Espagne) chantait Elvis Presley dans les années 70.

Eh bien c’est un tort ! Et maintenant que le King est mort (1), il est trop tard pour remédier à cela.

Et je vais te dire pourquoi.

Comme l’année dernière, j’ai décidé de profiter du weekend de trois jours de Pâques pour partir m’aérer les neurones et les pneus. Cette année j’ai choisi d’aller faire un peu de reconnaissance dans les Monegros en Espagne, à quatre heures de route de Toulouse.

Les Monegros sont une comarque à cheval sur la Province de Huesca et la Province de Saragosse, en communauté autonome d’Aragon (Espagne). Leur nom est une contraction de “Montes Negros” (Monts noirs). Il fait référence au caractère de cette zone telle qu’elle était connue avant que les grands bois de pins et de sapins ne soient détruits et remplacés par l’actuel habitat de steppes.
Merci Wikipédia !

Cette région est considérée comme un désert semi-aride. L’agriculture y est présente grâce à l’irrigation et la faible densité de population (moins de huit habitants au kilomètre carré) justifie cette appellation de désert.
Les routes goudronnées y sont rares et les paysages dignes du Far-West.

Je pars donc le samedi matin, en compagnie d’un couple d’amis qui va passer le weekend dans la vallée d’Aure. Leur destination est sur ma route pour l’Espagne.
Nous prenons les petites routes bucoliques et arrivons en vue de Saint-Lary Soulan en fin de matinée. Nous convenons de nous tenir au courant de nos horaires respectifs de retour car j’ai décidé de repasser par là au retour.

Je reprends ma route, passe le tunnel de Bielsa et me voici en Espagne. Il fait beau, les températures, sans être excessives, sont agréables.
Lafortunada, Escalona, Ainsa-Sobrarbe puis pique-nique.

Je fais un point sur ma carte car j’ai des impératifs. A seize heures se joue le quart de finale de la Champion’s Cup entre Toulouse et les Sharks de Durban et j’ai la ferme intention de regarder ce match. En bon toulousain, je supporte le Stade Toulousain !
D’après mes calculs savants, je devrais pouvoir m’arrêter près de l’ermitage San Miguel pas très loin d’Albalatillo. Ensuite je ne serai qu’à quelques encablures de mon point de chute du soir.

Je reprends donc la route, non sans avoir fait le plein à Barbastro.
J’en ai profité pour découvrir un nouveau système de paiement de l’essence. Avant de se servir, il faut aller à la caisse et payer une somme fixe maximum, trente cinq euros dans mon cas. Puis on retourne au véhicule, on se sert à concurrence de la somme prépayée puis de retour à la guérite du caissier on réintroduit sa carte bleue pour se faire rembourser la différence.
J’ai trouvé cela un tantinet compliqué comme système.

Je reprends ma route en obliquant légèrement vers le sud-ouest, vers Sariñena puis le petit village d’Albalatillo.

Le paysage a changé. On voit l’aridité du coin malgré les champs cultivés. Peu de véhicules circulent.

A la sortie d’Albalatillo je quitte le goudron. Je me retrouve sur une piste large de graviers (maintenant on dit du “gravel”, c’est le terme technique à la mode).
Je baisse de suite les pressions des pneus pour augmenter mon adhérence. Comme j’envisage de rouler essentiellement hors goudron, je ne les regonflerai qu’en fin de weekend.

Je suis tranquillement la piste quand tout à coup je vois un énorme nuage de poussière devant moi.
Je comprends vite qu’il s’agit de la poussière soulevée par un véhicule arrivant en face. Le gravier a laissé place à une couche de sable très fin.
Je m’arrête sur le bas côté, le temps de laisser passer la voiture et surtout de laisser retomber la poussière. Je n’y vois plus rien du tout. Heureusement une toute petite brise fait le ménage et je peux redémarrer assez vite.

Et j’entre enfin dans le vif du sujet. Devant un décor de western. Je m’attends à voir Cochise ou Géronimo surgir devant moi ou bien croiser un convoi de chariots.

Quinze heures quarante cinq. Je m’active un peu et reporte à plus tard la contemplation du paysage. Si je ne regarde pas le match, le Stade risque de perdre.
J’arrive à l’ermitage San Miguel et m’installe à l’ombre. Adossé au mur de l’église, l’ordinateur posé par terre entre mes jambes, je suis prêt. Il ne manque que la bière que j’ai oubliée dans mon frigo à la maison !

Deux heures plus tard, le Stade Toulousain a étrillé ces impudents Sud-Africains qui pensaient rivaliser avec le meilleur club de rugby de l’Univers !
Oui je sais, je suis un peu chauvin.

Jusqu’à présent j’étais tout seul sur le site. Pendant que je plie mes affaires, deux voitures espagnoles arrivent. Le conducteur de l’une me salue et me demande si le coin me plait. Je lui réponds par l’affirmative mais que l’église est fermée et que je ne peux pas la visiter.
”Si ! Tengo la llave !”. Ah ben super ! Le gars fait partie d’une association locale qui entretient l’ermitage au titre du patrimoine de la ville voisine de Castejon de Monegros. Il a donc la clé et m’ouvre l’ermitage pour que je puisse visiter.
Comme dans beaucoup d’église, tout est propre et bien décoré à l’intérieur. Il y fait frais. Ce doit être agréable en période d’été.

Je finis ma visite après avoir discuté cinq minutes avec des camping-caristes français de passage et reprend mon chemin. Il est dix huit heures passées et j’aimerais arriver pas trop tard au camping que j’ai ciblé, à Valfarta.

Je circule donc entre les “tozals”, croise quelques motos d’enduro.
Il fait bon, la piste est relativement facile. Je m’autorise même une petite pointe à cent kilomètres heure sur un bout droit. Juste histoire de dire que je l’ai fait. Mais j’avoue que je n’étais pas très à l’aise.

Je continue donc gentiment, tout en admirant le paysage et arrive finalement par une piste qui longe mon camping du soir. Il est dix neuf heures trente.
Pour une fois, je ne planterai pas la tente à la tombée de la nuit.

Personne à l’accueil. Une suissesse installée sur un emplacement avec son van m’informe que je dois m’installer et que le patron passe tous les soirs faire la tournée pour encaisser les nuitées.
Dans la foulée j’explique la même chose à un français qui vient d’arriver en fourgon. Frédéric vient du Puy avec son petit camion et sa Honda CRF300 dedans. Il envisage de rester dans le coin quelques jours pour visiter.

Nous sympathisons et décidons d’aller manger un morceau au restaurant du village après avoir installé nos campements respectifs et payé notre dû au patron du camping, qui s’avère être aussi le patron du restaurant.
Valfarta est un tout petit village !

La soirée se passe tranquillement, entre racontages de souvenirs, projets en devenir et études comparatives des maxi-trails et des enduros assagies.

Bonne nuit !

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