Il a plu toute la nuit ! Les tentes sont trempées malgré le ciel bleu matinal.
On décide de ne pas se presser et d’attendre que le soleil vienne un peu sécher les tentes.
Un petit café au restaurant du camping et nous démarrons les motos vers dix heures trente.

Nous attaquons par un bout de route et bifurquons assez rapidement sur une piste parallèle qui grimpe suffisamment pour me mettre un peu à la peine. Malgré les cailloux et les petites marches qui se présentent devant mes roues j’arrive à passer.
Bertrand quant à lui réclame un peu de gras. Les chemins sont trop secs pour lui, il aime bien quand ça glissouille ! Ah oui ?

Ben tiens ! T’en voulais du gras ? Nous voilà arrivés devant de jolis bourbiers qui me mettent légèrement en panique. Heureusement que je ne suis pas seul.
Une énorme flaque de boue se présente devant nous, inévitable.


Bertrand s’élance, avance de quelques dizaines de mètres et finis par coucher la moto. Sans bobo pour lui ni Françoise.
On relève sa moto et il finit par arriver au bout du bourbier mais en solo.

A mon tour. Je ne suis pas rassuré voire même assez tendu. J’enclenche la première vitesse et le cul sur la selle, les pieds par terre, en mode draisienne, j’avance tout doucement.
Je progresse de dix mètres et je m’arrête. Je recommence. Et encore. Et je finis par arriver à la sortie de ce bourbier. Mes pneus à crampons sont remplis de boue à tel point qu’on penserait que ce sont des pneus lisses pour le circuit.
Mais je suis arrivé au bout, sans tomber.

Ce passage a des allures de victoire pour moi. Ma moto n’étant pas réputée pour être ce qu’il se fait de mieux, et même plutôt l’inverse, pour pratiquer du tout-terrain, je suis heureux d’avoir pu démontrer le contraire.
Ma technique de débutant, si elle n’est pas “stylée” comme disent les plus jeunes, a au moins le mérite de me permettre de continuer à avancer sans prendre de risque.
Mon capital confiance en mes capacités à pratiquer le trail offroad vient d’augmenter considérablement.

J’en suis là de mes pensées pendant que nous reprenons la piste. Plus sèche et moins difficile, nous nous détendons un peu.

Et là au passage d’une grosse flaque anodine je vois Bertrand et Françoise qui me précèdent coucher la moto.
Le temps que j’arrive proche d’eux ils ne sont toujours pas relevés. Je comprends vite pourquoi. Ils sont coincés tous les deux sous la moto.
Je me précipite pour soulever la moto, Bertrand se dégage et m’aide à relever la moto complètement. Il faut dire que c’est assez lourd avec tous les bagages.

Françoise reste au sol en se tenant le poignet. “Ce n’est rien !” dit-elle.
Apparemment le poignet s’est tordu. Ca devrait passer.

On prend un peu le temps, pour souffler et s’hydrater, puis nous finissons cette piste sans encombre.
Arrivés au petit village d’Aisa, je propose que nous mangions au restaurant. J’y ai un souvenir de tapas fabuleux et gargantuesques.
C’est la douche froide. La direction du restaurant a dû changer car ils ne proposent plus les tapas le midi. Nous nous contenterons de “platos combinados” divers. J’avoue être très déçu.

Françoise souffre toujours de son poignet mais insiste pour continuer le trip. J’ai le sentiment qu’elle ne veut pas se sentir un poids pour nous et être la raison d’un roadtrip écourté.

Nous reprenons la route à la recherche d’une station service. La BMW de Bertrand a un plus petit réservoir que ma moto et il se trouve qu’il arrive au bout de sa capacité.
Nous trouvons une station service dans un village. Fermée. L’étude attentive des alentours nous informe que la station doit ouvrir à seize heures. Dans une demi-heure. Attendons !

Seize heures sonne. Personne. Dix minutes plus tard. Toujours personne. La situation commence à se tendre. On attend ? On tente la station suivante au risque de la panne d’essence ? On invoque le dieu du pétrole ?

Finalement, nous décidons de prendre le risque de la panne d’essence. La prochaine station est à trente kilomètres de l’autre côté de la montagne. Si on passe le col, le reste pourra au pire se faire en descente.
Et c’est ainsi que nous avons franchi ce col et l’avons descendu en roue libre jusqu’à la station service.
Bertrand avouera qu’il n’avait jamais mis autant d’essence dans son réservoir. Il a fini en roulant avec les vapeurs de carburant.

L’esprit serein, les réservoirs pleins, nous continuons notre avancée par la route. Nous avons convenu que selon l’état de Françoise nous éviterions certaines portions de tout-terrain. A sa discrétion.

Finalement, après une dernière piste très agréable, large et roulante sans difficulté particulière, nous arrivons sur Ochagavia, village réputé comme étant l’un des plus beaux de Navarre.


Un arrêt au bar pour faire le plein de fraîcheur, à la pharmacie pour faire le plein d’anti-douleurs et nous nous dirigeons vers le camping du coin. Ce sera plus confortable et moins contraignant que de chercher un coin pour bivouaquer.

Bertrand bricole une attelle pour le poignet de Françoise qui souffre toujours mais ne veut rien lâcher.
Petit repas tranquille à base de pâtes et de thon, nourriture de base du randonneur qu’il soit à pied, à vélo, à moto et direction les tentes pour la dernière nuit avant l’arrivée.

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