Bonne nuit ? Que dalle, ouais ! Comme d’habitude, ma première nuit sous tente est mauvaise. J’ai eu froid, mal aux épaules, au dos… C’est à chaque fois pareil. Ca ira beaucoup mieux la nuit prochaine.

Aujourd’hui, je fais ma reco des Monegros.

J’ai décidé de traverser toute la région vers l’ouest (dans un décor de western, il est logique de se ruer vers l’ouest) avec en point de mire l’ermitage San Caprasio puis de finir dans la soirée à Tardienta où je camperai.

Je range tout mon barda, charge la moto, dis au-revoir à Fred et démarre ma journée en me dirigeant vers Castejon de Monegros. Objectif : acheter de quoi pique-niquer ce midi.

Je reprends une partie des pistes de la veille, roulantes à souhait et qui permettent de contempler le paysage. Quand c’est trop technique pour moi je suis tellement focalisé sur la conduite que je ne peux pas admirer les alentours.
C’est pour cela que je préfère quand c’est plus simple. Je ne vais pas sur les pistes pour la performance mais pour accéder à des endroits auxquels je n’aurais pas accès autrement, pour voir d’autres paysages.

Je longe l’aérodrome de Castejon. Ca m’a l’air assez désaffecté. Je me dirige ensuite vers la station service repérée sur mon GPS : abandonnée ! Bon ! Tant pis. J’ai assez d’essence pour la journée, on verra bien ce soir. Il faudra que je pense à le signaler sur Openstreetmap, ça pourrait servir à d’autres.
Puis je cherche en vain une épicerie. Pas mieux. Un dimanche de Pâques, il n’y a pas des masses de commerces ouverts. Ben ! Tant pis aussi ! On verra bien ce qui se passera quand j’aurai vraiment faim.

Je quitte Castejon par la “Ruta de los Miradores”. La route des miradors. C’est une piste qui part de Castejon jusque Alcubierre en passant par l’ermitage San Caprasio.
La piste est pour le moment sans dénivelé, entre des champs cultivés. Je ne croise personne et roule tranquillement laissant l’atmosphère de l’endroit m’imprégner. J’avoue un faible pour les régions désertiques.

Puis la piste se met à grimper, à faire des lacets. Le décor change. Les champs ont laissé la place à des buissons arides, de la terre nue et sèche. Je conduis maintenant debout car le sol est aussi moins lisse.
Cela me permet aussi de bien lever la tête et d’admirer les alentours.

J’arrive au premier mirador de la journée : “El Bujal”. Petite claque visuelle !
Je prends quelques photos et continue la route.

Bam ! Deuxième mirador : “La Gabardera”. N’en jetez plus ! La cour est pleine.
Si je m’écoutais je m’arrêterai tous les cinquante mètres pour prendre des photos. A presque regretter de ne pas être vidéaste.

Je poursuis la piste, l’esprit léger car ici rouler en dehors du goudron n’est pas un crime ni un délit et les rares personnes croisées ont le sourire sur le visage, qu’ils soient cyclistes, randonneurs à pied. Ca change de la France.
J’en suis là de mes pensées quand tout d’un coup j’ai l’impression de me réveiller et de me retrouver en France : je suis face à une barrière et un panneau équivalent à notre B0 national (interdit de circuler pour tout véhicule).
M’enfin ! Et ma route des miradors alors ?

Je scrute alors en détail ma carte et finalement décide de contourner l’interdiction en prenant une autre piste qui m’amènera au village de Monegrillo.
Avant d’y arriver, je passe devant un autre mirador : “La Estiva”.

Je traverse ensuite Monegrillo. Au passage, je remarque des constructions rondes surmontées d’un dôme. Deux, trois, quatre en l’espace de très peu de temps. Il semblerait que ce soient des observatoires astronomiques. Cela dénote quand même d’une certaine qualité d’air et de l’absence de pollution lumineuse dans le coin.

Sorti de Monegrillo, je roule vers Farlete tout en cherchant comment atteindre l’ermitage San Caprasio qui se situe dans la montagne à ma droite. Sur la route je vois des tas de pistes qui partent vers la montagne. J’en choisis une au hasard et finis par tourner en rond, je tombe sur des impasses au bout desquelles se trouvent des champs.
Au passage je fais une petite halte à l’ermitage San Benito.

Je me fais une raison et prends la seule piste qui me mènera à San Caprasio, au départ de Farlete. Je suis déçu : j’ai roulé neuf kilomètres sur l’asphalte.

J’attaque la piste qui va enfin m’amener à cet ermitage. J’y pique-niquerai coûte que coûte.
La terre et les cailloux laissent la place par moment à du sable. C’est là que je sens que je ne suis pas encore prêt pour la Mauritanie.
Quelques épingles serrées plus tard je tombe sur une bifurcation. A gauche vers l’ermitage, à droite la piste qui était barrée un peu plus tôt. Sauf que de ce côté ci de la piste, il n’y a pas de barrière. Etonnant.

Je monte ensuite vers l’ermitage. Et je suis légèrement déçu. De part sa position dominante sur les alentours, à plus de huit cent mètres d’altitude, cet ermitage est devenu le repère d’antennes diverses et variées, toutes plus moches les unes que les autres.
Heureusement, le décor environnant rattrape tout. J’en profite pour visiter les grottes taillées dans la montagne.

La faim me rappelle à l’ordre. Il est quatorze heures trente et mon estomac se manifeste. Quatre barres de céréales plus tard, il est calmé.

Je prends la piste qui descend de l’ermitage en direction d’Alcubierre. Toujours aussi roulant et agréable. Je serpente à travers un semblant de forêt de pins, vestiges de ce qu’étaient les Monegros avant la déforestation.

A Alcubierre je me retrouve sur une route goudronnée qui doit m’amener directement à Tardienta. Ah ben non ! Là, à gauche, il y a un petit massif avec plein d’éoliennes. Cela signifie qu’il y a forcément des pistes pour circuler.
Ni une ni deux, j’avise une piste sur la gauche et m’enfonce dans le massif.

Ca grimpe gentiment sur du gravier plus ou moins profond. Je passe au pied de ces immenses ventilateurs. Je suis sûr qu’ils les ont installés pour se rafraichir l’été. Il faut dire qu’avec quarante à quarante-cinq degrés de moyenne en été, la région est plutôt chaude. D’où la nécessité de ces grands ventilateurs. Non ?

Perdu dans mes pensées, je m’aperçois que je tombe de plus en plus sur des impasses où sont plantées ces éoliennes. Pas moyen de continuer sur ces grandes pistes pour arriver jusqu’à Tardienta.

Je reprends ma carte et repère un chemin, on ne parle plus de piste là, qui me permettrait d’aller dans la direction souhaitée. Je m’engage sur ce chemin et vois de suite la différence.
C’est étroit, tortueux, avec des ornières assez profonde, bref, pas spécialement adapté à ma moto. Pas grave, comme je dis toujours, peu importe le style du moment qu’on avance. Et pour l’instant, j’avance.

Et j’avance tant et si bien que j’arrive tout doucement en bordure du canal de Monegros. Si je le suis, il me mènera jusqu’à Tardienta. Malheureusement, comme souvent, les voies en bordure du canal sont interdites à la circulation. il me faut trouver mieux.

Encore une fois mon GPS vient à ma rescousse et me trouve un moyen d’arriver près de l’aérodrome de Tardienta.
J’avais repéré ce petit aérodrome et vu des photos de l’endroit. Ce que je ne savais pas, c’est qu’il est dans l’enceinte du Centre de Loisirs et d’Aventure de Tardienta et que tout est clôturé et surtout fermé.
Je prends malgré tout quelques photos des batteries de canons postées en bord de piste et des hangars à l’aspect vintage.

Il est seize heures vingt et j’ai atteint ma destination. Ouais ! Ben c’est quand même un peu tôt pour se poser au camping. De plus, ne pas pouvoir entrer sur l’aérodrome m’a déçu. Je n’ai plus envie de rester dans la coin.

Et si je retournais d’où je viens ? Il était plutôt pas mal mon petit camping de Valfarta. Carte, GPS et me voilà en route vers mon point de départ.
Cette fois ci je vais longer les Monegros par le nord, avec moins de relief. Les pistes sont assez rectilignes, je roule bon train.
Si j’arrive au camping à la même heure qu’hier ce sera bien. Il me reste trois heures. Ca va le faire.

Je trace correctement sur les pistes, jardine peu et arrive enfin à Sariñena. Je fais le plein et achète un gros pack de bières pour la soirée à partager avec Frédéric s’il est toujours là.

Je repasse par Albalatillo, l’ermitage San Miguel et les canyons de la veille et arrive à dix neuf heures à Valfarta.
D’Albalatillo jusqu’au camping, j’ai beaucoup mieux roulé sur la piste que la veille. Je commence à être plus en confiance, tout en gardant d’énormes marges de sécurité. La répétition des exercices améliore mes compétences offroad. A mon tout petit niveau, bien sûr.

J’entre dans le camping, fais un grand signe à Frédéric qui est déjà rentré de sa balade du jour. Je réinstalle tout mon barda au même endroit que la veille devant le regard amusé de la Suissesse à laquelle j’explique que je n’avais pas prévu de revenir, normalement.

Ce soir, ce sera bières, pâtes au thon et re bières !
Au passage, je t’informe qu’une boîte de maquereaux à l’escabèche peut s’ouvrir toute seule dans un sac. Surtout si le-dit sac a été secoué toute la journée. C’est dans ces moments là qu’on se dit que Ziploc pourrait être un ami de circonstance.

Frédéric et moi percutons consciencieusement nos cannettes de bière jusque vers minuit, heure à laquelle nous allons nous coucher.

Ce fut une super journée !

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