Moto, humeurs et autres pensées

Lapins de Pâques dans les Monegros – jour 3

J’ai bien dormi ! Et toi ?

Aujourd’hui je rentre chez moi : c’est triste !

Mais je vais encore choisir les pistes et routes qui me plaisent : c’est beaucoup plus joyeux !

Rituel du matin, le petit déjeuner, plier la tente, charger la moto puis un dernier petit café. Il est neuf heures trente et je vais remonter vers le nord, vers Toulouse.
Peut-être pourrais-je rejoindre mes amis que j’ai laissés en vallée d’Aure. Je les contacterai un peu plus tard dans la matinée.

Je passe dire au-revoir, encore, à Frédéric, nous échangeons nos coordonnées et je file … plein sud ! J’ai repéré sur mes cartes des routes non goudronnées non loin de Budajaloz, au sud de Valfarta, qui remontent ensuite plein nord vers Monzon et Barbastro.

Je me dis que ce serait un compromis sympathique entre du roulant et du offroad.

Et me voici donc sur ces longues lignes droites de graviers, larges pour laisser se croiser deux camions, un peu poussiéreuses mais comme je suis assez seul ça ne me dérange pas. Ma vitesse est bonne sans être déraisonnable. Je “cruise” à environ soixante-dix kilomètres heure. Plus vite je ne me sens pas en sécurité sur ce revêtement.

Je franchis ensuite une petite sierra. Enfin des virages et des arbres. Ca change des champs cultivés. Des portions sablonneuses me font bien ralentir.
Je ne suis pas encore à l’aise avec ce genre de revêtement. Il faudra que je travaille ça.

Puis retour sur les longues lignes droites, toujours en direction de Monzon. Le temps passe et je m’arrête pour contacter mes amis qui m’informent alors qu’ils quitteront leur lieu de villégiature vers treize heures.
Ah oui ! Mais non ! Je ne serai jamais à temps pour être avec eux. On abandonne donc l’idée de se rejoindre.

Je bascule donc en mode “j’ai le temps” et décide de me rajouter une petite portion offroad entre Barbastro et Ainsa. Mais pour le moment, je rejoins une petite route, goudronnée, pour arriver à Monzon puis une bonne route à virages jusqu’à Barbastro. Je sais que nous somme le lundi de Pâques mais j’ai espoir de trouver un magasin ouvert pour acheter du pique-nique.

Et bingo ! A Barbastro, le magasin Al Campo, l’Auchan local, est ouvert. Je fais le plein de “jamon y queso”, une tomate et du pain. La bière est déjà dans le sac (une survivante de la veille). Je suis paré !

Sorti de Barbastro, où j’ai pas mal jardiné (terme technique pour dire que je me suis bien perdu et que j’avais du mal à trouver mon chemin), je prends de toutes petites routes en direction de Naval.
J’y ai repéré une piste qui monte à l’ermitage San Benito et qui ensuite me dépose gentiment au sud du lac d’Ainsa.

J’attaque cette piste tranquillement. Elle est complètement différente des pistes des Monegros. Ici le dénivelé est plus important, la piste est beaucoup moins lisse, les cailloux saillants et quelques ravines qu’il faut négocier prudemment.
Nous sommes à la lisière de la Sierra de Guara.

La Sierra de Guara est un parc national. La circulation offroad y est extrêmement réglementé lorsqu’elle n’est pas tout simplement interdite.
Mais la piste où je circule se situe à l’extérieur de la zone de parc national. Et je n’y ai vu aucun panneau d’interdiction. Donc, comme en France, si ce n’est pas interdit, c’est autorisé.

Je continue à grimper avec pour objectif de pique-niquer en arrivant à l’ermitage San Benito.

Bien m’en a pris ! Je trouve près de cet ermitage un petit banc à l’ombre d’un arbre avec une vue magnifique. Je me dis même que cela pourrait être un endroit sympa pour un bivouac.
Un peu plus loin un couple de vététistes (cyclistes qui font du vétété) se restaure aussi. Vincent et Laetitia sont des français du pays basque, motards aussi de surcroit. On passe ainsi un moment agréable à discuter de nos pratiques respectives tout en grignotant.

Ils sont arrivés à l’ermitage en empruntant un autre chemin que moi mais ensuite nous prenons la même voie. Je les laisse partir avec un peu d’avance pour éviter de leur faire avaler la poussière que ma moto pourrait être amenée à soulever.

Dix minutes devraient suffire. Je démarre et attaque la piste derrière l’épingle qui montait à l’ermitage. Et là, je me fige !

Je plante les freins, coupe le moteur et la première réflexion qui me vient à l’esprit, c’est : ”Oh ! Putain !”
Je sais, ce n’est pas très joli, mais par moment on est obligé d’employer des termes techniques pour bien exprimer ce qu’on ressent.

Je suis face à une pente en descente raide, mais raide, même la justice n’est pas aussi raide. Du très gros gravier, bien profond, tout en ligne droite et là bas, en bas, une épingle à gauche sans dégagement suffisant.
Clairement, j’ai atteint mes limites. La moto est déjà engagée dans la pente, impossible de faire demi-tour. C’est le moment d’être créatif sinon je passe la nuit ici !

Je repense à tous les conseils que j’ai glanés depuis que j’ai commencé le offroad.
Le premier qui me vient à l’esprit est : “Si tu as un problème d’adhérence, tu accélères, si ton équilibre est précaire, tu accélères, et si tu as un doute sur que faire, tu accélères !”. Ouais ! Bof ! Là pour le coup je ne suis pas trop sûr que ça s’applique.

Le second conseil est : “Si ça passe en Clio, t’as pas à t’inquiéter !”. Ok ! Mais là pour le coup, je la verrais plutôt mal embarquée, la Clio !

“Coupe le moteur, première vitesse, et tu gères la descente à l’embrayage”. Ah mais oui ! Le voilà le conseil que j’avais entendu quelque part ! Yapluka !

Un doigt sur l’embrayage, un doigt sur le frein avant, les deux pieds par terre, je laisse la moto avancer par bout de cinquante centimètres. Par moment avec les deux roues bloquées la moto continue à descendre en dérapant. C’est flippant !
Heureusement que je suis dans une petite ornière qui guide la moto dans la bonne direction l’empêchant ainsi de basculer.

Je passe un temps fou pour descendre jusqu’à l’épingle à gauche. Je suis en nage tellement j’ai transpiré malgré la température clémente. Mais j’arrive au virage où je peux manœuvrer dans le petit dégagement.
Je me repositionne sur la piste pour la suite et m’aperçois que c’est la même chose que précédemment.

Je suis rincé mais moins inquiet. J’ai réussi à négocier la première partie, il n’y a pas de raison que la suite se passe moins bien.
Et effectivement, à force de patience, de concentration, j’arrive enfin sur une portion de la piste moins pentue, au revêtement moins compliqué. Je redémarre le moteur et continue mon avancée. Je me dis que je ferai une petite pause quand je serai sorti de cette piste.

Je continue tranquillement quand au détour d’un virage j’aperçois Vincent et Laetitia avec leur vélos. Je m’arrête pour discuter avec eux.
Eh bien vous ne me croirez peut-être pas, mais ces deux là s’étaient arrêtés uniquement pour m’attendre et être sûrs que j’avais réussi à descendre sans encombre. Ils m’ont dit être rassurés quand ils ont entendu mon moteur approcher.
C’est le genre d’attitude qui réchauffe le cœur en ces temps d’individualisme forcené !

Nous nous quittons une nouvelle fois et je décide que j’ai ma dose d’offroad pour la journée. Il est bientôt seize heures et j’ai encore de la route pour rentrer chez moi.

Je récupère la grande route, passe Ainsa, Bielsa et son tunnel, Lannemezan, Lisle-en-Dodon.
Une petite pause à la sortie de Lisle avant le dernier run qui me ramène dans mon ouest toulousain.

Vingt heures ! Je suis chez moi, bagages rangés, canap’, ti’punch ! Je souffle un peu !

Epilogue

Si c’était bien ? Ah mais mieux que ça ! Je vais y retourner pour plusieurs raisons.

D’abord parce que trois jours, c’est trop court. Il faut une demi journée à l’aller et autant au retour. Ca fait trop peu de temps sur place.

Ensuite parce que ce weekend était une reconnaissance des lieux pour savoir si ça valait le coup d’y passer plus de temps. Clairement, oui ! Il y a plein de pistes à parcourir, de curiosités géologiques que je n’ai pas vues, par manque de temps, par méconnaissance, parce que j’étais en mode “reco”.

Et surtout, parce que j’aime ces endroits où il y peu de gens, où le sentiment de liberté est prégnant, où ce peu de gens est souriant malgré un monde pas toujours facile.

Donc, je vais y retourner et j’y resterai plus longtemps. Et si je peux me permettre : vas-y ! C’est accessible à tout le monde et ça vaut le coup !

Et là tu te demandes : “Oui mais les lapins ?”. Les lapins de Monegros ?
Eh bien, lorsque je roulais entre Albalatillo et Valfarta, en fin d’après midi, le samedi et le dimanche, j’ai vu des centaines, des milliers de lapins qui traversaient la piste devant mes roues. Comme s’ils attendaient que j’arrive pour se challenger. “Chiche Panpan que tu traverses pas devant le motard !”. Ce n’est pas super futé un lapin, mais ça court plus vite qu’un hérisson.
C’étaient mes lapins de Pâques dans les Monegros.

(1) Quant à Elvis, je sais qu’il n’est ni l’auteur ni l’interprète original de cette chanson, mais où qu’il soit (car il n’est pas mort, tout le monde le sait, il est dans un ehpad pour stars avec Marlon Brando et James Dean, sur une île non cartographiée) je suis sûr qu’il continue à la chanter et forcément à regretter de n’être jamais allé en Espagne.

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5 commentaires

  1. Seb

    Quel suspense !
    Moi qui garde mes roues sur l’asphalte (tu sais sur quoi je roule…) je me dis qu’il vaut vraiment mieux que je reste sur des pistes carrossables après avoir lu ça 🤪 chapeau !
    D’ailleurs tu me fais penser… Puisque tu sembles avoir l’habitude de te promener dans le nord de l’Espagne… Tu as dû faire le désert des Bardénas ? C’est que de la piste ou est-ce qu’il y a des routes ? Je vais probablement passer tout près au printemps du coup je commence à y penser…

    • Pat

      Le désert des Bardenas est constitué de pistes carrossables, praticables avec une moto routière. Du moins dans sa partie principale, c’est à dire autour du polygone de tir de l’armée espagnole.
      Cela permet d’accéder sans problème au Castil de Tierra (la fameuse cheminée de fées), faire le tour du polygone de tir et profiter des magnifiques paysages.
      Pour visiter plus en profondeur ce désert, il vaut mieux avoir un trail, beaucoup plus adapté. Mais pour la partie la plus connue, une routière fait le job !

      • Seb

        Super merci ! 👍
        Au fait je n’avais pas vu ta réponse, c’est dommage qu’il n’y ait pas de notifications par email sur ton blog 😉

        • Pat

          De nada !

          J’ai mis en place la notification par mail des réponses aux commentaires !

          • Seb

            Je te confirme qu’elle fonctionne 👍

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