Evolution (3/5)

Bon ! On va pas se mentir. Ce n’est pas parce que j’ai fait deux sorties tout-terrain soft dans l’année sur des trails légers, que je suis devenu le nouveau Peterhansel.

Alors si j’envisage d’aller planter ma tente au bout du chemin avec mon trail « heavy weight », de surcroît avec passager et bagages, il va falloir que je me crache sérieusement dans les pognes et que je me colle à l’entraînement sans tarder.

Nous sommes mi-décembre, il a plu autant qu’il a pu les semaines passées. Ce ne sont pas vraiment les conditions idéales pour un débutant.

Donc, on y va !

Aujourd’hui, grand beau, température hivernale très clémente. Pas de pluie depuis sept jours mais je ne me fais pas d’illusion : ce sera gras !

L’ami Vincent et son KLX, toujours partants pour un coup de moto, m’accompagnent et nous voilà en route sur une trace dans la campagne autour de Saint-Paul sur Save.

D’entrée de jeu, dès le premier chemin, je me dis que finalement ce n’était pas une si bonne idée que ça. J’aurais peut-être dû rester dans mon canapé à regarder des vidéos sur Youtube qui t’explique comment devenir un pro en tout-terrain. D’ailleurs n’oublie pas de t’abonner et de mettre un pouce ! Telle est la loi de Youtube.

Donc, disais-je avant de digresser, ce premier chemin, bien herbu, bien mouillé, gras. Glissant, quoi !

Je regarde Vincent, on doute, et puis on se dit qu’on n’a pas sorti les brêles pour se les montrer et qu’on n’est pas là pour acheter du terrain. En avant !

C’est plat, c’est glissant, la moto veut avancer en crabe mais on avance.

Pour le style par contre, c’est autre chose. Là, pour le coup, faut oublier les images du Dakar avec les pilotes qui déboulent à 160 debout sur la bécane laissant dans leur sillage un nuage de poussière avec le soleil rasant au loin. Non. Nous c’est plutôt 10 à 15km/h, le cul sur la selle et les pieds qui stabilisent. En fait on fait de la draisienne à moteur.

Alors même si pour le style on repassera, on avance quand même. Et sans tomber.

Arrive ainsi la fin de ce premier chemin, d’échauffement. Tout contents, on se dit que si la suite est pareille, ça devrait le faire sans trop de souci. Avec des si…

S’en suit une petite liaison routière et un nouveau chemin. De nouveau de l’herbe, du terrain très souple et ça continue à passer dans ce style qui nous caractérise.

Et on continue. La confiance nous gagne.

Puis un autre chemin bien gras, humide, recouvert de pierres pas très grosses mais bien mouillées, tout en montée. Ça passe aussi, sur le couple, tranquillement.

On s’arrête pour une petite pause boisson et photo à l’entrée d’un nouveau chemin. Une voiture passe sur la route en contrebas et le conducteur nous regarde avec un air de dire : ils vont vraiment s’engager par là, ces deux là ?

Cent mètres plus loin je comprends pourquoi. C’est gras, très gras. Moins d’herbe, plus de boue. Cet argile bien gluant caractéristique de la région nous colle aux pneus comme le sparadrap au capitaine Haddock.

Le style évolue. On arrive maintenant à rouler en crabe : la roue avant dans l’ornière gauche et la roue arrière dans l’ornière droite. Ce n’est pas très académique mais on avance malgré tout. Et toujours sans tomber.

Plus loin une traversée de grosse flaque de boue nous prouve que là aussi notre style fait ses preuves. Ça passe encore.

La fatigue commence à poindre son nez. On ne se ménage pas. Je m’aperçois qu’un trail de 250 kilos est quand même beaucoup plus physique à emmener sur terrain gras qu’un trail de 160 kilos sur terrain sec. En même temps, je m’en doutais un peu.

Le chemin suivant est encore plus gras que les précédents. Nous nous y engageons avec circonspection. Les motos avancent toujours. Ça patine un maximum mais les TKC80 de Vincent et mes Anakee Wild font le job. Et ce malgré que nous ne roulions pas assez vite pour qu’ils puissent débourrer (c’est quand la boue est éjectée du pneu avec la vitesse de rotation).

a fin du chemin est une immense flaque de boue d’un côté, un tapis de boue ultra meuble de l’autre. Vincent choisit la flaque et passe sans problème. Je choisis l’autre côté et galère un peu.

Mais comme ne le montre pas la vidéo, je m’en sors finalement sans problème.

La pause s’impose. Photos. Boissons. Et d’un commun accord nous décidons qu’en ce beau dimanche de presqu’hiver, nous avons eu notre dose.

On prend le chemin du retour par les petites routes. Le goudron bien lisse nous repose un peu les bras. Une halte à la station de lavage n’est pas du luxe. Ce soir, on va bien dormir.

En conclusion, en plus d’avoir passé un excellent dimanche, j’ai aussi appris plein de choses sur ma moto, ses capacités, les limites des pneus 50/50. J’ai aussi fait le plein de confiance. Je suis passé dans des endroits que je n’imaginais pas un jour pouvoir franchir. Encore moins en moto.

Ce n’était pas facile. Mais aucun de nous n’est tombé, nous n’avons reculé à aucun moment et traversé toutes les difficultés (relatives pour certains, mais assez grandes pour nous) qui se présentaient.

Quand le printemps arrivera, que les chemins seront plus secs et moins physiques, nous serons alors prêts à rouler plus longtemps sur les pistes, même un peu difficiles et à la fin de la journée, enfin planter la tente là-bas, au bout du chemin.

D’ici là, on continue l’enTTraînement.

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