Après une nuit et un petit déjeuner réparateurs, nous reprenons notre chemin vers neuf heures trente. La température est fraîche et l’atmosphère brumeuse.

On décide néanmoins de monter au pic El Moixer, juste à côté. Il paraît que la vue y est magnifique.

En fait nous n’aurons eu comme vue que celle du brouillard. A mille quatre cent quarante trois mètres d’altitude nous étions censés voir la mer et tous les alentours. Ce sera pour une prochaine fois.

Nous redescendons la piste jusqu’à Maçanet de Cabrenys et suivons gentiment la superbe route qui nous mène jusqu’à Saint Laurent de Cerdans. Nous voilà temporairement de retour en France.
Nous empruntons ensuite une piste qui nous amène à un jet du Col d’Ares, à la frontière espagnole.


L’inconvénient de passer par les pistes est qu’on ne croise pas des masses de bistrots. Nous avions prévu de boire un petit café quelque part mais il se trouve qu’à force d’espérer il est bientôt midi et que l’ami Bertrand commence à être en manque de caféine.
Heureusement, passé le col, nous arrivons au petit village d’Espinavell où une terrasse accueillante nous tend les bras. Le café englouti, nous traversons le village et constatons que la route se transforme en piste dès le panneau de sortie passé.
Cette piste est large, roulante, recouverte de graviers. Bref, facile ! Pour les espagnols, ça passe en Clio.
Nous serpentons à flanc de montagne sans aucune difficulté jusqu’à l’heure du repas. Heure espagnole bien sûr puisque nous avons pris le café à midi. Pique-nique à base de pain, jambon et fromage, les fameux “Jamon y Queso”, base de mon alimentation lorsque je franchis la frontière.

Nous reprenons la route, enfin la piste, et arrivons en vue de Queralbs.
Queralbs est un petit village situé en bas de la jolie station de ski de Val de Nuria à laquelle on ne peut accéder que par un petit train à crémaillère sur une distance de dix kilomètres pour un dénivelé de mille mètres. Le retour de la station vers Queralbs peut se faire à pied. C’est d’ailleurs une très jolie randonnée à faire sur un après-midi.
Mais pas aujourd’hui car nous continuons jusqu’à Ribes de Freser par les chemins.

Soudain je vois Bertrand qui avait pris de l’avance s’arrêter et regarder à gauche et à droite. Une fois rattrapé il me demande si je n’ai pas vu sa gourde sur la piste et sa caméra Gopro. “Ah ! ben non ! Vu mon niveau je regarde plutôt où je mets les roues !”. Décidément, les petites galères s’enchaînent.
Bertrand décide de faire un rapide aller-retour en arrière histoire de voir s’il peut récupérer ses affaires. En vain. J’en profite pour admirer le paysage et faire des photos en l’attendant.

Nous croisons plus loin un motard breton qui nous fait signe. Croyant à un problème nous stoppons. Il n’en sera rien. Il voulait juste nous informer de la présence de gravier dans un virage dès le goudron retrouvé un peu plus loin.
Tout en le remerciant, nous apprenons qu’il vient de rouler sur l’ACT version Portugal avant de poursuivre sur les Pyrénées puis qu’il enchaînera avec les Alpes italiennes et l’Allemagne avant de rentrer chez lui. Beau périple !

Nous continuons en direction du col de Toses au dessus de la station de ski de la Molina puis suivons la route jusqu’à l’embranchement d’une piste. Ah ben non ! Pas Bertrand.
Bertrand a continué tout droit sans regarder le roadbook malgré mes coups de klaxon et appels de phares. Ce n’est pas grave. Il finira bien par s’apercevoir que je ne suis plus dans son rétroviseur et reviendra voir.
Mon intuition est bonne et le revoilà. Encore une piste large et roulante qui nous descend tranquillement jusqu’à Puigcerda.
J’avise un bar pendant que Bertrand cherche une vis pour son casque. En vain.

L’après midi est bien avancé et nous décidons de faire une dernière portion de chemin avant de chercher un camping.
A Latour de Carol nous prenons une piste qui au détour d’une épingle s’avère être relativement raide, caillouteuse et étroite. Bertrand s’élance avec confiance et aisance jusqu’au sommet et puis j’engage la première et me lance à l’assaut de mon Everest.
La règle de base est que dans tous les cas tu dois garder de la vitesse donc accélérer. Et si ça patine, tu accélères. Si ça ne garde pas bien la ligne, tu accélères. Et si tu as un doute sur ce qu’il faut faire, tu accélères aussi.
La moto va de gauche et de droite, rebondit sur les pierres, manque de tomber mais je garde les gaz ouverts et finis par arriver en haut.

La récompense est là après un dernier gué : une piste roulante à deux mille trois cent mètres d’altitude sur un plateau isolé de la Cerdagne. La vue est magnifique avec le soleil qui descend.
Et qui nous rappelle que nous devons descendre aussi pour trouver un camping.

Nous plantons les tentes quelques kilomètres avant la Seu d’Urgell à vingt heures trente. Encore une fois, c’est un peu tard. Bière, resto, vin et direct dans le duvet.

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